Mes voisins les Roms
A Champs-sur-Marne, dans la forêt, aux portes de nos vies, des hommes, des femmes et des enfants pauvres subissent la violence des expulsions à répétition.
Insidieusement, petit à petit, elles usent leurs corps. Inlassablement ils reconstruisent leurs baraques un peu plus loin, les coups de marteaux retentissent à nouveau au fond des bois, tout recommence, avec plus de peine et de fatigue au cœur. Et puis la pelleteuse revient, fracasse les baraques, déchire les toiles, brise les jouets des enfants avant de réduire les abris de fortune à néant. Dans le silence, nous détournons le regard.
Les hommes qui construisent les maisons au fond des bois, les femmes qui décorent les intérieurs, les enfants qui courent et rient dans la boue glacée du printemps tardif, sont devenus mes amis .
En août 2013, je me rends au festival de cinéma de Douarnenez, consacré aux minorités et aux questions identitaires et découvre les conditions d’existence de populations appelées Roms mais aussi Tziganes, Sinti, Manouches ou Gitans. Les longs métrages, que je découvre alors, projettent sur grand écran les vies des plus pauvres des plus pauvres en Roumanie et en Bulgarie. Or des histoires similaires se jouent en France près de chez moi, à Champs. je croise les mêmes silhouettes à deux pas de ma maison, dans les transports en commun, dans les rues les matins de ramassage des encombrants… je décide alors d’entrer dans la forêt où sont installés les bidonvilles et d’aller à leur rencontre, accompagné de bénévoles du collectif Romeurope du Val Maubuée.
Depuis 2013 j’y retourne sans cesse. 6 ans de découvertes, d’accompagnement, de partages et, l’amitié avec le temps qui grandit. Avec mon appareil photo j’enregistre les témoignages de l’inhumanité honteuse et cachée des expulsions incessantes, perpétrées en nos noms. Mais aussi la preuve en images de la joie des Roms d’être vivants.